Le lendemain, on
descend à Yolosita pour prendre notre fameux bus. On nous avait prévenu que le
trajet ne serait pas de tout repos et que les quinze heures de voyages ne seraient
guère plaisantes. On ne s’attendait tout de même pas à cela!
Après avoir attendu
trois heures notre bus à cause de routes bloquées plus en amont, nous pouvons
finalement monter dans notre bus. Et là, les problèmes commencent. Nous
n’avions pas fait attention à la date écrite sur notre billet (billet que notre
cher agent de tourisme nous a donné le jour-même). En fait, on ne savait même
pas quel jour on était. Il s’est avéré que notre cher agent s’est trompé de
date et notre billet était pour le jour d’avant! Les chauffeurs nous laissent
tout de même monter et font de nombreux appels pour régler le problème. Nous
n’y pensons donc plus jusqu’au prochain arrêt.
En attendant, nous
profitons de la qualité exceptionnelle de la route et des splendides ravins
nous entourant. Nous sommes du côté gauche du bus et avons donc tout le loisir
de voir le ravin de près! La route est aussi pourrie que la Death Road et tout
aussi dangereuse à cela près qu’elle est plate et moins fréquentée, du moins
autrefois. Nous ne sommes guères rassurés mais bon, on doit sûrement en faire
un peu trop car on n’est pas habitué, non? Les locaux font ça tout le temps et
ne devrait pas avoir peur, non?
Non.
Les locaux étaient
aussi terrifiés que nous! Ils regardent par la fenêtre avec un regard inquiet
et en s’exclamant à chaque fois que l’on est très proche du ravin! Pour ne rien
améliorer, la nuit commence à tomber et l’on continue à rouler sur cette route
de merde à la lumière des phares. On commence déjà à regretter de ne pas avoir
pris l’avion, dont on ne connaissait de toute façon pas l’existence à ce
moment.
Après de nombreuses
heures de trajets, nous arrivons à une petite ville au milieu de nulle part
pour manger un morceau. En sortant, le chauffeur me dit que l’on va devoir régler
notre problème de billets, que ce n’est pas son problème et qu’on doit racheter
deux billets. Hijo de puta comme on dit. Deux boliviennes prennent notre
défense et urgent le chauffeur à nous laisser continuer avec nos billets car il
y avait de toute façon de nombreuses places de libres à l’arrière. Rien à
faire. La bataille se poursuit après le repas que ces deux boliviennes nous ont
par ailleurs ont offert. Evidemment, le type de l’agence à laquelle on aurait
pu se plaindre n’était plus là et l’on se retrouve donc à devoir argumenter
avec le chauffeur à nouveau. Après une demi-heure de discussion plus ou moins
calme, rien à faire. Je commence à perdre patience et à lui gueuler dessus, ce
que l’un des boliviennes avait commencé depuis belle lurette. C’est évidemment
l’attraction et une trentaine de curieux sont autour de nous. Au cours de cette
discussion entre gentlemen, on apprend également que l’on avait payé les
billets deux fois plus chers que ce qu’on aurait du payer. Le type de Coroico a
eu beaucoup de chance qu’on n’y soit pas retourner. Bref, ça s’agite et ça
s’excite et l’une des boliviennes un peu plus calme que tout le monde fait en
sorte que l’on puisse payer un seul billet additionnel. Au point où on en est,
on n’a plus qu’à accepter et à se faire entuber une fois de plus. Au moins,
depuis ce jour, on sait tous les jours la date actuelle!
C’est donc reparti pour quelques heures de bus
à tenter de dormir. La route n’est guère mieux mais il n’y a plus de ravins,
c’est déjà ça! De temps en temps, on entend quelques locaux débattre (entendre
s’engueuler) sur nos fameux billets ce qui poussa le chauffeur à mettre un peu
de musique folklorique pour calmer les esprits. Au final, les seuls qui
n’auront pas bronché du voyage sont… les bébés! Ils sont bousculés de partout
et n’émettent pas le moindre petit bruit. Si ils commencent un tout petit peu à
pleurer, leur maman les secoue un peu et ils se rendorment. Et ce sera dans
tout le pays la même chose. Impressionnant. Nous arrivons finalement à Rurre après
une quinzaine d’heures de voyage, pas très reposés mais contents d’en avoir
fini avec ce bus.
Arrivé là-bas, nous trouvons une chouette
auberge avec de supers hamacs pour se détendre. Nous passerons l’après-midi à
chercher une agence pour aller faire un tour dans la jungle et un tour dans la
pampa. Nous tombons sur une agence, du doux nom de Mogli, qui se démarque des
autres par son style un peu plus sauvage et nous nous engageons pour trois
jours et trois nuits dans la jungle directement suivis de trois jours dans la
pampas.