mercredi 22 mai 2013

Dans la jungle, terrible jungle…


La jungle amazonienne, ça fait rêver, non? Armés de nos moustiquaires, sacs de couchage et beaucoup trop de nourritures, nous voilà en route pour 3 jours dans la jungle accompagnés de notre guide Pedro. Natifs de la jungle, ce dernier connaît tous les secrets des plantes, insectes et animaux de son lieu de naissance. Armé de sa machette et de son bandana aux couleurs du Che, il nous partagera ses connaissances de la nature et nous fera découvrir un monde magique.

Nous partons donc de Rurre dans un petit bateau avec un autre petit groupe avec qui on passera la première nuit. Après avoir rempli toutes les formalités administratives à différents lieux le long du fleuve (sérieusement, vous souhaitez vraiment savoir combien de pile j’ai pris pour la lampe de poche?), nous remontons à contre-courant pour arriver au premier campement dans le Parque Nacional Madidi. Le campement consiste en un lieu un peu dégager et une structure en bambou histoire d’attacher nos moustiquaires et la bâche qui nous protégera de la pluie. Le campement n’est pas si primitif que ça avec sa petite table en bois et son trou en guise de toilette, on ne s’attendait pas à tant de luxe!

Au bord du fleuve
Une fois installé, nous partons en bateau jusqu’à une falaise où se trouve de nombreux Aras, ces fameux et majestueux perroquets rouges! Ils vivent dans des petites cavernes dans la falaise, toujours en couple. Ce sont, dit-on, les animaux les plus fidèles car il ne change jamais de partenaire tout au long de leur vie et volent toujours ensemble. De plus, si l’un des partenaires meurt, son amant mourra peu après de chagrin selon notre guide. Malheureusement, la falaise recule à chaque saison des pluies car les pluies sont de plus en plus fortes ces dernières années à cause des changements climatiques. Ceci fait que les collines et falaises de terre s’érodent. Selon les croyances des natifs de la jungle, l’endroit est en train de mourir car un touriste y aurait perdu la vie il y a quelques années en tombant du haut de la falaise.

Un couple d'Aras
Au cours de notre petite balade, notre guide nous enseigne les propriétés médicinales de nombreuses plantes et racines. Il nous montre également un arbre à l’apparence bien banale mais renfermant à l’intérieur toute une colonie de fourmis de feu! L’arbre et les fourmis vivent en symbiose, l’arbre fournissant une maison aux fourmis et les fourmis lui apportant protection et chaleur selon notre guide. Apparemment, si les fourmis abandonnent une branche, celle-ci mourra en peu de temps. Il suffit d’une petite vibration sur l’arbre pour que les fourmis de feux jaillissent de nulle part et attaquent tout envahisseur. Leur piqure est très douloureuse et fait mal pour une bonne vingtaine de minutes. Du coup, nous avons pour consigne de ne toucher aucun arbre, on ne se sait jamais ce qui peut en sortir! Nous voyons également un autre type de fourmi tout à fait fascinante. Les soldats ont deux mandibules absolument gigantesque et très dures. Séverine en a d’ailleurs qui refuse de la lâcher. Les indiens utilisent les crochets de ces fourmis, crochets qui font prêt d’un centimètre, pour faire des points de sutures lorsqu’ils n’ont pas de fils pour le faire.  Au retour, notre guide fabrique une petite couronne pour ma sœur et un chapeau digne du roi de la jungle à partir de feuilles de palmier.


Le soir, nous faisons une petite balade nocturne pour aller observer la faune qui montre le bout de son nez à la nuit tombée. Entre mille-pattes gigantesque, araignées de toute beauté et quelques singes joueurs, notre balade se révèle prolifique!


Le second jour, nous partons pour le deuxième camp, bien plus rustique cette fois-ci. En chemin, notre guide remarque un trou dans un petit monticule de terre et en fait sortir une énorme tarentule! Pour l’attirer, il prit une petite brindille qu’il enroba avec une feuille de coca qu’il mâchouillait et l’empêcha de retourner dans sa tanière en bloquant le trou avec la lame de la machette. Nous pouvons la prendre dans les mains bien que l’on ait été un peu réluctant à l’idée au début. C’est assez marrant car la tarentule était trop grande pour une seule main et souhaitait toujours aller de l’autre côté de nos mains ce qui nous obligeait à faire une sorte d’escalier avec la deuxième main. Notre guide nous informa que si l’on fait une sorte de petite cuvette avec nos mains au lieu de les laisser plates, la tarentule se sentira en sécurité comme dans une petite maison. Et effectivement, elle nous bougea plus une fois nos mains mises en cuvette! Elle était toute choue cette cocotte! On en oublierait presque qu’elle mange son compagnon après ses ébats amoureux et que ses bébés la mangeront à leurs tours une fois nés.


Après avoir installé le campement, nous partons à la recherche de bois sec pour le feu. Cela va s’avérer plus dur que prévu à cause de la pluie. Notre guide devra couper une grosse branche d’un arbre à coup de machette! Décidemment, on fait tout avec cette machette. Elle est bien sûr très importante pour creuser le trou nous permettant de répondre à l’appel de la nature… Après le repas et une sieste qu’on aurait souhaité plus courte, nous partons à nouveau à la découverte des splendeurs nocturnes de la jungle. Avant ceci, nous voyons une horde de cochons sauvages courir à toute allure, probablement fuyant un prédateur selon Pedro. Pour cette balade à la nuit tombée, nous rencontrons cette fois-ci une énorme termitière construite sur un arbre dont nous pouvons goûter les termites. Ca n’a pas tant de goût et est un bon apport en protéines. Au pied de cet arbre, nous tombons sur une énorme fourmi noire de bien 3 à 4 centimètres de long! Apparemment, sa piqure est très douloureuse mais je dois dire que je ne prêtais guère attention aux explications en espagnol de notre guide sur le coup, j’étais trop occupé à prendre quelques photos de ce monstre. En tapant un peu le sol, de nombreuses autres fourmis noirs sortent de leurs cachettes, les colonies comptant environ 300 membres. Evidemment, les fourmis commencent à nous grimper dessus, particulièrement sur ma sœur et il faut de l’énergie et la machette pour les enlever, c’est qu’elles s’accrochent! Malheureusement, l’une d’elle échappa à notre vigilance et resta sur Séverine pour la piquer sur la main quelques minutes plus tard. La douleur est fulgurante et ne s’apaise guère avec le temps. Pedro commence donc à chercher des « médicaments » dans la forêt. Après quelques minutes de recherches, il reviens avec une racine d’aloe vera qu’il gratte et applique la pâte sur la piqure. L’effet est rapide et la douleur s’apaise. Elle ne partira complétement que de très longues minutes plus tard, bien après notre retour au camp.





De retour au camp, nous avons la mauvaise surprise de voir un autre groupe loger au même endroit, ils ne seront pas trop chiant mais leurs ronflements enlèvent un peu du charme à notre nuit perdus dans la jungle. Pour le repas, nous tenterons de pêcher quelques poissons. Notre guide avait déjà pêché des plus petits poissons pour servir d’appât. Malgré nos efforts et notre patience, nous sommes bien incapables d’attraper quoique ce soit! Heureusement, Pedro arrive à en capturer un ce qui sauvera notre souper!


Pour notre troisième et dernier jour, nous commençons par une petite balade pour découvrir d’autres plantes et animaux. Après le repas, nous retournons au premier campement par un autre chemin où nous passerons à travers la propriété d’une famille vivant dans la jungle. Ils cultivent les bananes et papayes et nous marchons une bonne heure au milieu des bananiers en écoutant le bruit des cochons sauvages que nous n’arriverons pas à voir au final. Néanmoins, notre guide trouve un crâne de cochon sauvage dont il extrait les deux énormes dents de la mâchoire inférieur pour en faire plus tard deux jolis colliers.

Nous arrivons au camp où nous rejoignons un ancien guide vivant ici et un jeune local dont nous ne savons pas trop ce qu’il fait par ici mais avec qui on rigolera bien tout au long de la soirée. Un autre guide nous rejoint également plus tard. Nous passerons probablement la meilleure soirée de tout le voyage ici! Le vieil homme avait fabriqué une guitare en bambou à deux cordes. Ceci le rend d’ailleurs très triste car il n’a que deux cordes pour jouer. Il nous interprète des chansons hilarantes de sa propre composition. L’une d’elle, notre préférée et qui nous accompagnera pour tout le reste du voyage, a été inspirée par un couple américain venus il y a quelques années dans la jungle dont l’homme était énorme et la femme rachitique. Les deux premiers couplets vont ainsi:

Yo le digo a mis amigos
El que tenga mujer flaca
Que le de leche de vaca
Para que engorde un poco más

Aie aie aie gringita
Aie aie aie por dios
Mira si nos casamos
De gordo morimos los dos
Ce qui en français donne plus ou moins:
Moi je dis à mes amis
Que celui qui a une femme maigre
Qu’il lui donne du lait de vache
Pour qu’elle grossisse un peu plus

Aie aie aie petite gringa
Aie aie aie mon dieu
Regarde si nous nous marions
De grosseur nous allons mourir les deux

Il a bien sûr pleins d’autres chansons à son répertoire dont celle d’une vieille qui s’asseye sur une fourmilière et que la fourmi se trompe de trou… Bref, une bonne franche partie de rigolade! En attendant, notre guide nous fabrique de superbe collier avec les dents de cochons et des sortent de petites noix en guise de perles. Le vieil homme s’est également mis dans la tête de me faire un anneau à partir d’une sorte de noix mais mon doigt est bien trop épais pour la coque qu’il a choisi à la base. Avec l’aide du jeune garçon, ils n’y arriveront qu’après avoir recommencé avec une nouvelle noix…! La soirée est un peu arrosée également, de pluie et d’alcool bien trop fort, c’est quasiment pur ce machin. On n’y touche pas tant que cela mais au contraire de notre musicien qui sera bien inspiré par ceci! Cette chouette soirée marquera la fin de notre tour dans la jungle. 
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